Le premier tour de l'élèction présidentielle à Madagascar le 26 Novembre 2023 a été marqué par une forte taux d'abstention. Toutefois, le doute s'installe quant à l'exactitude du pourcentage des votants. En effet, la principale raison de cette fragilisation du rapport au vote est la contestation massive du processus électoral par le collectif des candidats de l'opposition. Ces derniers ont lancé un appel à l'endroit de leurs partisans de boycotter l'élèction pour motif que c'est une élèction entachée de fraudes enormes. Je suis allée à la rencontre d'une dizaine d'élècteurs pour collecter les raisons de leur choix de ne pas voter.
C'est toujours le président Andry Rajoelina qui sera élu
Pour les citoyens des différentes catégories sociales en âge de voter, leurs raisons de s’abstenir sont multiples, les facteurs varient de l'élècteur à l'autre.Mais les raisons dominantes qui poussent la majorité des élècteurs à ne pas voter reposent sur le fait d'imaginer que c'est toujours le président Andry Rajoelina qui sera élu. Alors, d"après eux, aller voter ou non, il serait toujours élu. Les autres disent en avoir marre de la vie politique, en disant que qui que ce soit arrive au pouvoir ne change rien, leur niveau de vie reste toujours le même. Ensuite il y a l'insatisfaction, perte de confiance envers les acteurs politique, voire dégoût à l'endroit des programmes des candidats. Puis, certain(e)s ne se sentent pas tout simplement représentés par les candidats. Les élècteurs "moins rationnels" disent qu'ils n'ont carrément pas de temps d'aller voter et ne savent rien de la politique, la pauvreté les empêche de voter. Et pour les autres qui constituent aussi la majorité, ils ne votent pas pour suivre les consignes du boycott de leurs candidats dans l'opposition.
De ces points de vue, l’abstention semble être un choix rationnel. En fait, voter ou s'abstenir est une option. Et cette option est expliquée par des comportements ou des décisions personnelles refléchies. Donc, la décision de voter ou non est d’abord et avant tout une question de motivation. Légalement et au sein d'une démocratie, voter est un devoir citoyen mais ce dernier ne semble plus interessé par ce droit fondamental qui leur permet d'exercer sa citoyenneté en participant à l'élection de ses représentants.
Politique dégoûtante
Depuis la publication de la nationalité Française du président Andry Rajoelina quelques mois avant l'élèction présidentielle Malgache, la situation politique ont été un peu chaotiques, voire degoutante. Toute l'opposition même des gens ordinaires sont sortis de leur silence pour profiter de l'occasion pour diaboliser et condamner "cruellement" la possession de la nationalité française par le président, une situation qui a emaillé en partie la vie politique Malgache.
Voter par intérêt ou par devoir
D'un côté, les gens qui décident d'aller voter voient un bénéfice politique dans l'élèction. Ils votent pour leur intêréts personnels et non pas par devoir citoyen. Ils incitent même leur entourage à voter. D'autre côté, certains votent parce qu’ils pensent que c’est un devoir moral de voter dans une élection. Pour ce dernier, les considérations éthiques l’emportent sur les considérations intêrets.
Avec une question formulée de façon simple et directe que j'ai pris de temps de démander aux gens autour de moi: Pourquoi avez-vous decidé de ne pas aller voter? Les personnes intérrogées n'hésitent pas un instant de répondre de façon aussi honnête. Allons donc découvrir les raisons qui ont convaincu les élècteurs à s'abstenir lors de l'élèction en général à Madagascar.
Madame Rasoa, âgé de 55 ans, vendeuse des légumes à la campagne "je n'ai le temps d'aller voter":
"Je ne connais que le président Andry Rajoelina, alors je ne sais pas pour qui voter, que ce sois Andry Rajoelina ou quelqu'un d'autre, cela ne change rien. En plus, je n'ai le temps d'aller voter parce que je dois travailler pour nourrir ma famille."
Viviane, une mère de famille 28 ans "Aucun des candidats ne m'intéresse tout simplement":
"Aucun des candidats ne m'intéresse tout simplement, je n’ai plus beaucoup d’espoir pour la démocratie en général. On reste toujours pauvre de toute façon. Et qu’importe le résultat, je dois vivre et nourrir ma famille. Notre société tourne en rond, les hommes politiques sont très avides de pouvoir et d’argent. Les promesses des politiciens sont bidon. Aucun n’est intègre."
Harentsoa, 21 ans, customer service "la classe politique semble propulsée par l’appât du gain, plus que part le bien commun":
"Agée de 21ans, l'élèction présidentielle Malgache 2023 serait une toute première pour moi pour me rendre aux urnes. Au début, quant jai obtenue mon CIN, j'ai hâte d'exercer mon droit de vote, mais hélas, vue la situation politique qui prévaut aujourd'hui dans mon pays, je décide de ne pas y aller. En fait, après avoir suivi les campagnes élèctorales ou il n'y avait que 2 candidats, je constate que la classe politique semble propulsée par l’appât du gain, plus que part le bien commun. Je choisis aussi de respecter les consignes de ne pas cautionner cette élection mal préparée et non inclusive. De toute façon, ce serait toujours Andry Rajoelina qui sera élu vue le context élèctoral tumultueux et l'environnement politique instable(non seulement, il est le seul qui fait une campagne élèctorale à grande pompe mais les institutions élèctorales sont "semble t'il" également de son côté) "
Hasina 32 ans, électricien "mon vote n'apportera pas de changement à la pauvreté":
"J’ai 32 ans et j’ai toujours voté, mais cette fois je pense m’abstenir . Je suis certain que mon vote n'apportera pas de changement à la pauvreté que le pays se plonge actuellement et ne résoudra pas non plus mes problèmes aux quotidiens. En plus pourquoi voter encore si on sait pertinement déjà qui sera élu."
Haja, 52 ans, traducteur: "Avant, j’ai toujours voté par envie, par conviction mais plus maintenant"
« Cela fait des années que j'exerce mon droit de vote parce que je suis conscient que voter est un devoir citoyen; je suis blogueur et je suis très attiré par la poltique, de même pour ma famille, nous sommes tous des fervents en matière politique. Je regarde les informations politiques et je participe même aux commentaires à travers mon blog pour émettre mes avis. Avant, j'avais même éprouvé une certaine incompréhension et colère vis-à-vis des abstentionnistes. Mais aujourd'hui pour l'élèction présidentielle Malgache 2023, je me retrouves dans leurs rangs. Je choisis de ne pas voter par conviction. Cela me fait mal mais c'est mon choix étant donné que je ne suis pas du tout convaincu par l'integrité et la transparence du processus éléctoral."
Lucia, 32 ans, comptable "les promesses des candidats ne me touchent même plus"
"J'ai toujours voté avant, mais actuellement, depuis le début de cette présidentielle, en observant les campagnes élèctorales étranges dont 2 seulement sur 13 candidats font campagne, je ne sais plus vers qui me tourner pour espérer trouver quelqu’un qui représente “les gens”. Je me suis également rendu compte que les promesses des candidats ne me touchent même plus. Je n’ai aucune confiance dans les programmes des candidats."
Franc, 38 ans, agent de securité: « je sais pertinement que mon choix est dejà acheté»
"Je ne vote pas parce que mon candidat preferé nous demande de ne pas aller voter. Il a raison parce que l'organisation de l'élèction est très douteux. Pour voter, il faut avoir le choix, mais malheureusement, je sais pertinement que mon choix est dejà acheté. La vie politique a totalement oublié sa valeur. Une fois au pouvoir, le président s'y accroche et procède à tous les moyens diaboliques possibles pour y rester."
Fara, une mère de famille de 60 ans, menagère "je ne connais qu'un candidat"
"J’ai 60 ans et je suis apolitique. Je ne vote pas parce que je ne connais qu'un candidat, Andry Rajoelina qui semble que c'est toujours lui qui serait élu car il parait qu'il veut rester coute que coute au pouvoir. Alors, ça ne sert à rien de voter. Je suis aussi dégoûtée par les politiciens.Aucun ne mérite mon vote.Ce sont tous des profiteurs et des menteurs Raison de plus, je n'ai pas de carte d’électeur. En fait, je ne sais pas si j'ai ou pas mais je ne l'ai pas recuperé auprés du bureau du fokontany."
Lanto, 59 ans, ingenieur « Participer au jeu, c’est le cautionner :
"Dans le passé, j’ai toujours voté, par respect pour la démocratie. Mais s’agit-il encore d’une démocratie? Les opposants sont reprimandés quant ils se manifestent. il y a deux poids deux mesures. Je ne veux pas cautionner cette mascarade d'élèction. Voter, pour qui que ce soit, même blanc, c’est accepter les règles d’un jeu que je ne cautionne pas. Soit on assainit les règles du jeu avant de jouer, soit on empêche le jeu de trouver son unique vainqueur. On sait qu'une personne veut le pouvoir, garder leurs privilèges et après être elu, font fonctionner l’économie de ceux qui payent leurs campagnes."
Richard, 42 ans, caissier "Voter me semble être un acte devenu insignifiant":
"J’ai 46 ans et j’ai toujours voté en montrant un bel exemple en tant qu'un citoyen responsable et reconnaissant pour la démocratie. Mais je remarque aujourd'jui que l’absence de crédibilité des candidats ainsi que l’influence et même l'attitude des médias, me sont devenues insupportable. Voter ne m’intéresse plus et me semble un acte devenu insignifiant. De toute façon, à l'allure ou vont les choses, avec les dépenses faramineuses d' Andry Rajoelina pour ses campagnes éléctorales, il reste sans doute élu sauf miracle."
Les non-votants ressentent un sentiment de dégoût pour la politique
Les sentiments dominants partagés par la majorité des non-votants sont le fait de penser que même s'ils votent ou pas, ils sont surs et certains que Andry Rajoelina serait toujours élu. Pour les autres, ils ne votent pas tout simplement parce peu importe qui est élu à la tête du pays – les choses continuent comme avant, aucun impact sur leur vie. Les non-votants ressentent un sentiment de dégoît pour la politique; ils sont généralement détachés de l’actualité et pessimistes à l’égard de la politique.
Comprendre la participation électorale et la baisse du taux de participaton permet d'effectuer de nouvelles études et apporter des solutions pour améliorer le taux pour les prochaines élèctions et rétablir une vraie démocratie. Les sondages que j'ai effectués demeurent l’instrument privilégié pour comprendre les comportements individuels et l'état de la démocratie dans le pays, mais aussi l’analyse des résultats électoraux.