A la veille de l'élection présidentielle à Madagascar le 16 novembre, [date reportée d'une semaine faisant suite à la requête déposée par un candidat en lice blessé lors d'une manifestation, un report insignifiant qui n' a pas satisfait les candidats de l'opposition et leurs sympathisants]. Les actualités autour de l’élection dominent actuellement les médias. Les débats politiques font rage et gagnent du terrain tant au niveau des acteurs politiques qu'au niveau des citoyens Malgaches.
Des propos haineux et agressifs
Dans les publications à caractère politique dans les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, des commentaires agressifs pour des raisons de divergences de points de vue politique témoignent la division de la population Malgache. Les valeurs fondatrices de notre société que sont le Fihavanana (la paix), la fraternité, le respect mutuel, la solidarité sont foulés aux pieds par des groupes de personnes rémunérées pour semer la pagaille. Pour soutenir aveuglement leurs candidats préférés, certaines personnes ne mâchent plus leurs mots au détriment de la Fihavanana Malagasy. Les propos sont parfois très virulents et reflètent la haine totale tout en laissant une libre place à la louange de leur idole.
Concernant les personnes qui manifestent leur intention de rejoindre la place du 13 mai: Les commentateurs qui s'y opposent disent:
"Allez vous manifester et ne dites pas que vous êtes mort par amour de la nation".
"Préparez le drap blanc pour recevoir votre corps sans vie après la manifestation".
"Allez et quand vous serez blessés, c'est de votre faute, assumez".
Quant aux blessées durant les manifestations. Voici quelques exemples des commentaires virulents:
"Tant mieux, c'est une punition à cause de votre entêtement".
"Tant mieux, vous cherchez la mort".
Déshumanisation
Alors que la situation politique dans la grande île s’aggrave, les Malgaches assistent à une tendance croissante à l'abomination et la déshumanisation. On les constate dans leurs discours haineux, les provocations, non seulement au niveau des simples citoyens mais surtout au niveau des hommes politiques à travers leurs discours intermittents dans les émissions radio et télévision presque tous les jours.
Les heurts ne se limitent pas aux commentaires en ligne mais règne presque partout, dans la vie quotidienne, au foyer comme aux marchés, dans les lieux de travail comme à l'école, etc. Un fait qui fait craindre la sécurité personnelle de tout un chacun. Les fanatiques ne maîtrisent plus leur colère jusqu'à causer des disputes extrêmes et des bagarres inutiles. Les uns encouragent et cautionnent les violences policières, les autres blâment lourdement les personnes blessées par les forces de l'ordre. Et les forces de l'ordre n'hésitent pas une seconde de faire usage de forces et violences excessives à l'encontre des gens non armés qui usent leur droits de se manifester librement.
Aucune mesure prise malgré le flagrant délit
Depuis son tout début, la marche des 11 candidats accompagnés par leurs partisans était toujours pacifique depuis le 02 octobre 2023. Mais lorsque les partisans arborant la couleur orange ont commencé à se manifester dans les rues pour fin de propagande, celles-ci se sont conduites de façon brutale envers les manifestants pacifiques en les criant dessus et en les agressant, une vidéo en témoigne. Un jour à Ampasampito donc, un vol à la tir a eu même lieu car un journaliste a été la cible du vol de son téléphone. Des passagers d'un bus sont aussi victimes d'une agression. Un homme âgé a été battu par une femme vêtue en couleur orange. Tout cela s'est passé aux yeux des forces de l'ordre mais aucune arrestation n'a eu lieu, comme montre cette vidéo. Voici le lien au cas ou la vidéo ne démarre pas: https://www.facebook.com/watch/?v=276476305364785
Risque de guerre civile
Les attaques de tout genre continuent. A chaque rendez-vous sur les points de départ des manifestants en couleur blanche, on aperçoit la présence de ceux de couleur orange. Le samedi 15 octobre, des affrontements se sont reproduits entre les militants des deux côtés. Les points de ralliement du Collectif des candidats sont investis de bonne heure par les partisans d'Andry Rajoelina vêtus en orange. Des provocations et des insultes ont eu lieu. Du côté du CENAM, les partisans du candidat d’État ont empêché la voiture de Marc Ravalomanana de s'avancer, causant ainsi une longue histoire infondée, disant que le chauffer de l'ex-président a heurté une dame qui était décédée ultérieurement et a aussi heurté un gendarme qui était blessé par la suite. La famille de la victime a porté plainte contre le chauffeur, et pareil pour le gendarme blessé. Il est à noter que la marche pacifique de tous les jours est diffusée en direct sur quelques chaînes de télévisions privées et en live sur Facebook. D’après les vidéos, aucune femme heurtée n'a été vue et aucun gendarme heurté par la voiture blindée non plus. Voici la vidéo en question et le lien au cas où la vidéo ne s'ouvre pas:
https://www.facebook.com/watch/?ref=search&v=299262252883704&external_log_id=d48efb7f-9620-4ae2-9a17-d02b52592f0c&q=video%20teny%20Ampasampito%2C%20Naivo%20Raholdina%20%3A%20Mihetraketraka
Deux salles, deux ambiances
Ce qui est inacceptable, c'est que malgré la caractère pacifique de la marche blanche du côté des collectifs des 11 candidats, leurs manifestations sont toujours empêchées et réprimées par les gendarmes à coup des tirs de gaz lacrymogène. Au contraire, la fête battait son plein dans l'autre camp. Leurs manifestations se déroulent en toute quiétude, sans aucun accrochage avec les forces de l’ordre ni entraves de leur part. En fait, si on laisse aux oppositions la liberté de se manifester pacifiquement, la situation politique n'aboutit pas à ce stade de violence, pas de blessés, pas d'arrestations. Les personnes sont arrêtés de façon arbitraire. Malheureusement, les rassemblements des opposants sous toujours menacés et cela reflète la partialité manifeste des forces de l'ordre.
Rétablir la confiance entre les citoyens et les forces de l'ordre
Face à cette réalité inquiétante, les discours haineux et les actions provocatrices doivent cesser. il est crucial plus que jamais de rappeler tous les citoyens Malgache à la valeur inestimable du Soatovina Malagasy, le FIHAVANANA et aussi à la nécessité de respecter à tout moment les principes fondamentaux de la dignité humaine.Il est temps de rassembler pour lutter contre la propagation de la haine, il existe de nombreuses façons de prendre position pour faire la différence. Nous devons trouver un moyen de conserver notre humanité commune.
Du côté des forces de l'ordre, leur partialité est palpable depuis de début. Si leurs missions consistent a maintenir la paix, l’ordre et la sécurité publique, assurer la sécurité des personnes et des biens, ils deviennent un instrument de l’État pour légitimer une élection qui n'est ni libre ni transparente, ni acceptée par tous et que l’État va forcer avoir lieu (si elle aura lieu) dans un climat d'agitation . Au lieu de sauvegarder les droits et les libertés, respecter les personnes et être attentifs à leurs besoins, coopérer avec la communauté dans le respect de leurs orientations politiques, les forces de l'ordre Malgache deviennent une menace , une intimidation avec leurs arrestation illégales et leur usage excessif de la violence contre la population. N'est-il pas temps de rétablir la confiance entre les citoyens et les forces de l'ordre?